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VU À L'ÉTRANGER Difficile de gagner sa vie pour le second meunier chinois Wilmar

Sur dix hectares, le moulin de Pékin est le second en taille, sur les seize que compte le groupe Wilmar en Chine.Photos C. DEQUIDT

La meunerie, en Chine, se heurte à une hétérogénéité de ses approvisionnements en blé et a un vrai problème de compétitivité. Le groupe Wilmar témoigne.

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Le groupe international singapourien Wilmar, spécialisé dans la transformation de matières premières végétales (huile, amidon, farine), partenaire de Tereos pour l'amidon, est aussi le second meunier en Chine, après Wudeli et juste devant Cofco.

Sur 10 ha, son moulin de Beijing (Pékin), le second en taille avec ses 210 employés, est impressionnant, avec ses quatre-vingt-dix-huit broyeurs Bühler qui produisent 460 000 t de farine par an. Ainsi, dans ce seul moulin, 590 000 t de blé vont être écrasées. Toujours fidèle à la volonté d'être à la pointe de la technologie, Liu Zhengwei, le chef meunier, responsable des achats de matériels pour le groupe, a été plusieurs fois en Suisse. Il prépare la prochaine extension du moulin qui ajoutera une production de 36 000 t de farine pour le marché intérieur, le pays n'exporte pas.

L'incorporation de blés étrangers est indispensable

Les débouchés sont tout proches puisque 23 millions de Pékinois sont à la porte. Le groupe développe plusieurs marques dont la très populaire Arawana. Il existe trois marchés spécifiques, celui du pain qui requiert du blé à fort taux protéique souhaité au minimum à 14, les noodles (nouilles) et dumplings (raviolis) avec un taux normal de 12, et les biscuits où l'on accepte jusqu'à 9. 50 % des Chinois font encore à la maison leur pain, leurs nouilles ou leurs raviolis fourrés, l'une des bases principales de l'alimentation. Les autres achètent en boulangeries, où l'on trouve des pains de toutes sortes dont un appelé baguette. Wilmar travaille aussi avec des industriels comme Neslé, Kraft, KFC, ou Mars Chine. Ici, on produit un blé tendre de qualité avec en moyenne 13 de protéines. Le blé dur est quasiment absent des plaines. « La difficulté est l'hétérogénéité. Comme ce sont de petites fermes, en moyenne de moins de un hectare, à la récolte, tout est mélangé, le bon comme le mauvais, prévient Liu Zhengwei. Il faut donc analyser de façon précise chaque lot qui nous parvient. » Une fois l'opération réalisée, pour la première gamme, le chef meunier fait des mélanges pour corriger et améliorer avec des blés étrangers. Dans les seize moulins du groupe, on écrase 6 Mt au total. « 90 % de notre approvisionnement provient de Chine, précise Zhi Guan, directeur général adjoint meunerie du groupe. Le reste est importé essentiellement d'Australie, du Canada et des Etats-Unis. Nous avons reçu en 2014 une délégation française. Nous avions été impressionnés par le discours et avons fait un test cette année. » Malheureusement, cela n'a pas été concluant, faute de qualité suffisante. Zhi Guan n'exclut pas d'y revenir mais, il a comme toute réponse : « May be !!! » Les critères pour l'importation sont au minimum 14 de protéines, 30 de gluten et 300 de chute de Hagberg.

Prix garanti plus haut que le marché international

Mais Zhi Guan a surtout un vrai problème de marge. En Chine, la collecte, environ 70 % de la production, est achetée aux agriculteurs pour l'essentiel par Sinograin, l'organisme d'Etat, à un prix garanti de 2 400 yuans (320 €/t). Stocké par cette entreprise, le blé sera soit directement acheté par les moulins, soit passera par des traders. Le prix dit de référence est en fait un prix bien réel, quelles que soient les sources d'approvisionnement, auquel il faut ajouter la logistique et la marge de Sinograin. « Les meuniers chinois sont obligés d'acheter à des prix beaucoup plus hauts que le marché international et comme il existe des quotas à l'importation, nous n'avons pas le choix. Nous n'avons aucune subvention pour compenser », soupire Zhi Guan. Heureusement, pour eux, ils existent une interdiction d'importer de la farine.

Surcapacité de production

« En Chine, nous avons une surcapacité de production avec encore plus de 20 000 meuniers indépendants, allant du moulin local à la multinationale », constate également le directeur général adjoint meunerie. Dans ce contexte, il est bien difficile de faire des bénéfices. Comment lutter contre une matière première à prix fixés et une multiplicité de l'offre. Avec le temps, les grands moulins devraient être plus compétitifs, et comme toujours en Chine, on espère que cela va aller très vite.

Christophe Dequidt

Zhi Guan, directeur général adjoint meunerie du groupe Wilmar (à droite) et Liu Zhengwei, le chef meunier.

La très populaire marque « Arawana », leader du groupe.

Ici les stocks de farine avant livraison.

Lin Yanhua, directrice générale du moulin, devant l'un des quatre-vingt-dix-huit broyeurs.

La difficulté est l'hétérogénéité de la collecte, avec de petites fermes de moins d'un hectare en moyenne.

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